Je m’appelle Dave Ruckman et je joue au boulingrin au club de boulingrin de Nanaimo en Colombie-Britannique. En 2010, j’ai vécu une expérience qui a changé ma vie. Voici mon histoire.
Lorsque j’ai eu 60 ans, cela faisait plus de 30 ans que je travaillais comme artisan et homme de métier. Mon fils travaillait avec moi, et nous avions prévu qu’il reprenne mes affaires un jour. Le 6 juin 2010, je me suis réveillé avec une douleur à l’arrière des yeux et une vision trouble. Le lendemain, mon médecin m’a informé que je ne retrouverais plus jamais ma vision. J’ai reçu un diagnostic de problème de circulation sanguine dans mes nerfs optiques; un genre d’accident vasculaire cérébral des nerfs optiques.
Depuis, je n’ai plus de vision centrale dans mon œil gauche, et il me reste de 15 à 20 % de vision périphérique. Dans mon œil droit, je n’ai que 3 à 5 % de vision centrale. Et c’est sans compter que je souffre également de scotome. Cette maladie se traduit par la présence d’une ou plusieurs taches dans le champ visuel. J’ai l’impression d’avoir des
nervures grises dans ma vision. Les chances qu’une personne contracte cette maladie sont de 1 sur 385 000. J’ai toujours aimé l’idée d’être légèrement différent!
J’ai toujours aimé marcher; il s’agit pour moi d’une façon de faire de l’exercice et de méditer. Lors d’une promenade en 2012, j’ai rencontré Mary et Stan. Lorsqu’ils ont remarqué ma canne blanche, ils m’ont demandé si je souhaitais essayer le boulingrin. Ils venaient tout juste de mettre su
r pied un groupe local de joueurs de boulingrin malvoyants et avaient de nombreuses expériences à partager. Ce printemps-là, nous nous sommes de nouveau rencontrés, et j’ai accepté leur proposition.
C’était Donn Sherry qui s’occupait dorénavant de la gestion du groupe de joueurs de boulingrin malvoyants, qui existait au sein du club de boulingrin de Nanaimo depuis 1983. Le club, quant à lui, existe depuis 96 ans. Après plusieurs cours, je suis parvenu à jouer à ce qui ressemblait à des matchs de boulingrin. La première année, je jouais exclusivement avec les autres joueurs malvoyants. À ma deuxième année de jeu, j’ai commencé à participer à des matchs de ligue grâce aux bonnes grâces et à la patience des membres du club. À mesure que mon jeu s’est amélioré, on m’a offert de participer à des épreuves ouvertes dans d’autres clubs.
J’ai été profondément touché par l’esprit communautaire des joueurs de boulingrin. Il s’agit d’une communauté très accueillante qui accepte tous ceux qui souhaitent jouer au boulingrin. J’ai également remarqué que les joueurs qui ne sont plus capables de compétitionner ou de jouer deviennent des membres associés du club et peuvent continuer à rencontrer leurs amis de longue date. Ce sentiment d’appartenance joue un rôle important dans mon expérience de jeu.
En 2014, avec l’aide de beaucoup de membres, nous sommes parvenus à nous qualifier pour un événement de calibre international à l’International Disability Bowls en Nouvelle-Zélande. Notre groupe et l’une des membres du club ayant des compétences en marketing sommes parvenus à amasser 20 000 $ en trois mois pour que notre équipe de quatre joueurs puisse se rendre et participer à l’événement. Le fait de regrouper quelques personnes qui se connaissaient à peine pour atteindre un objectif commun en si peu de temps m’émeut encore. C’est une réalisation dont nous sommes encore tous fiers, et à juste titre. Bien que nous n’ayons gagné aucune médaille et que j’aie réussi à remporter un seul match (en double mixte), j’ai livré de chaudes luttes et j’ai vécu une incroyable expérience. J’ai aussi obtenu un bon aperçu du niveau d’habileté nécessaire pour remporter ce genre d’événements. Les autres compétiteurs avaient presque tous au moins 10 à 25 ans d’expérience de jeu.
Comme toute organisation bénévole, notre club existe grâce au dévouement de ses membres. Je suis chanceux de pouvoir participer aux activités d’entretien du club, par exemple en installant l’équipement pour le groupe des malvoyants le mardi matin et en participant aux tâches de préparation et de nettoyage lors des compétitions. Je participe également à l’entretien des terrains, lorsque cela est possible, par exemple en ramassant le gazon coupé et en utilisant une brouette. Ce n’était certes pas facile au début. Maintenant que je connais bien l’environnement, je peux m’y déplacer sans trop de risques. Les personnes avec un handicap doivent également se surpasser afin d’éprouver un sentiment de valeur et de réussite.
C’était mon histoire personnelle relative au boulingrin. Je serai toujours reconnaissant de cette promenade qui m’a permis de découvrir ce sport. Les mots me manquent pour décrire les amitiés qui se sont créées au niveau du club et du district. Chaque club a sa propre personnalité. Nous sommes compétitifs, MAIS cherchons également à garantir la santé et l’existence de notre communauté. Et nous accueillons des gens de tous âges de 9 ans à 104 ans (eh oui!), qu’ils aient un handicap ou non, qu’ils soient débutants ou experts.
Je suis heureux de faire partie de l’équipe spéciale de Boulingrin Canada et je me réjouis à l’idée d’aider plus de gens à découvrir l’incroyable communauté du boulingrin.