Donn Sherry est un membre du club de boulingrin de Nanaimo et un para-entraîneur qui travaille auprès de boulistes malvoyants. C’est à ce titre que Donn partage son expérience de para-entraîneur, ainsi que quelques-uns des moments marquants qu’il a vécus au fil des années.

Je m’appelle Donn Sherry, et je suis membre du club de boulingrin de Nanaimo depuis 1985. À l’époque, j’étais l’un des trois seuls débutants, alors j’ai bénéficié de très peu d’encadrement, alors que j’apprenais surtout en jouant. J’ai eu tôt fait de réaliser qu’il y avait sûrement une meilleure façon d’aider les joueurs à faire leurs premiers pas dans ce sport. Je me suis donc inscrit au Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), et j’ai éventuellement complété la formation Théorie Niveau 3. J’ai été l’entraîneur-chef de notre club pendant de nombreuses années, en plus d’occuper ces mêmes fonctions pour le district du nord de l’île de Vancouver, pour l’association de boulingrin de Colombie-Britannique.

Notre club local accueille un groupe actif de boulistes malvoyants depuis le début des années 1980. En 1987, Mona Haddad, qui était responsable du groupe, savait que j’étais un enseignant et que j’étais libre durant les mois d’été. Elle m’a donc invité à lui prêter main-forte. Je n’ai jamais arrêté d’occuper ces fonctions depuis, même durant la période actuelle marquée par la pandémie.

À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’instructions détaillées par rapport à la façon dont un para-entraîneur pouvait aider les boulistes malvoyants; j’ai alors commencé par reprendre les leçons que nous proposions aux boulistes réguliers, en essayant d’apprendre quels étaient les éléments supplémentaires dont les boulistes malvoyants pouvaient avoir besoin. J’ai commencé à donner des cours de courte durée aux personnes qui travaillaient avec des boulistes malvoyants, et aux boulistes eux-mêmes. J’ai visité plusieurs clubs à travers la province. L’Association de sports et de loisirs pour non-voyants de l’Alberta (ASRAB) m’a un jour invité à donner un cours de deux jours à Edmonton et Calgary pour les boulistes et les para-entraîneurs. Mes enseignements semblaient avoir été bien accueillis. En 1996, au cours de mon mandat de président de la commission sur le boulingrin de Sports Aveugles Canada, un groupe néo-écossais mené par Ruth Hudson a publié le manuel pour les entraîneurs de boulingrin de l’ACSA. Plusieurs de nos para-entraîneurs ont affirmé qu’il s’agissait là d’un outil très utile.

Lorsqu’il travaille auprès d’un joueur malvoyant, l’entraîneur doit s’asseoir à ses côtés et lui parler pour déterminer ce qu’il peut voir, pour évaluer l’aide dont il croit avoir besoin et pour trouver quelle est la meilleure façon de lui offrir cette aide. Une fois sur la pelouse, le matériel d’enseignement régulier doit être proposé, en apportant les ajustements nécessaires compte tenu des limites visuelles du joueur. Pour la plupart des débutants, nous commençons à un endroit fixe sur le tapis. Comme c’est le cas pour les joueurs ayant une vue normale, la ligne de visée et le contrôle du poids sont à la base d’un jeu couronné de succès. Un bouliste malvoyant pourrait être capable de voir la ligne centrale et pouvoir choisir sa propre ligne de visée. Un autre pourrait vouloir que l’entraîneur se tienne devant lui pour lui indiquer l’endroit où il devrait viser, ou encore préférer que l’entraîneur se tienne derrière lui pour ajuster la direction du bras avec lequel il fera son lancer. Le contrôle du poids requiert beaucoup de pratique. Nous utilisons des marqueurs de distance sur les côtés des pistes, de 21 à 35 mètres, à des intervalles de 2 mètres. 

Lorsque je travaille auprès de boulistes malvoyants qui ne peuvent pas voir l’extrémité de la piste, j’utilise le système de l’horloge pour indiquer au joueur où sa boule s’est arrêtée par rapport au cochonnet. Ainsi, je pourrai lui dire qu’elle est à 1 mètre, à 7 heures, ou à 3 mètres, à 1 heure, etc. (midi indiquant un coup trop long et 6 heures indiquant un coup trop court). Avec du temps et de la pratique, j’espère que le bouliste sera capable de faire ses propres lancers, sans aide extérieure. 

Ma philosophie générale, c’est que mon rôle doit se limiter à être les yeux du bouliste, et non son cerveau.

Mes moments marquants, en ordre chronologique :

1989 – aux championnats du monde de l’IBBA (association de boulingrin pour aveugles) au Zimbabwe, j’étais l’entraîneur de Cheryl Ward (C-B) et de Roger Maddix (Î-P-É), qui ont remporté le bronze en duo mixte B3.

1993 – aux championnats du monde de l’IBBA (association de boulingrin pour aveugles) de Victoria, j’étais le responsable du tirage au sort et l’entraîneur d’Elaine Smithson, qui a terminé à la 5e place, dans la catégorie des joueurs complètement aveugles.

1994 – les Jeux du Commonwealth de Victoria étaient les premiers à présenter des épreuves pour les boulistes malvoyants. Bowls Canada Boulingrin m’a invité à venir en aide à l’équipe canadienne durant le camp d’entraînement, et à travailler auprès de Tracy Manca et Al Hanet, les participants malvoyants canadiens.

1995 – au tournoi de qualification pour les Jeux paralympiques tenu à Aylesbury, en Angleterre, j’étais l’entraîneur d’Elaine Smithson, qui est complètement aveugle. Elle a remporté la médaille de bronze et s’est qualifiée pour participer aux Jeux paralympiques.

1996 – les Jeux paralympiques ont eu lieu à Atlanta, en Georgie. C’était la première et la seule fois que le boulingrin était inclus au programme des Jeux paralympiques. J’étais à nouveau l’entraîneur d’Elaine Smithson, qui a décroché la 5e position dans sa compétition. C’était un honneur de participer aux cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux.

1997 – aux championnats du monde de l’IBBA (association de boulingrin pour aveugles) de Nouvelle-Zélande, j’étais l’entraîneur d’Ed McMillan, qui était jumelé à Helen Kilgore, de l’Alberta, dans l’épreuve de duo mixte B2. Ils ont terminé en 1re position, à égalité avec l’Australie, et ont reçu une médaille d’argent en raison des points pour et des points contre.

2017 – aux championnats du monde de l’IBBA (association de boulingrin pour aveugles) d’Afrique du Sud, j’étais l’entraîneur de Gus Thorne, qui a terminé en 5e position. Gus, qui est devenu complètement aveugle à la suite d’un accident de moto, était l’un de mes anciens élèves alors que j’étais encore enseignant. On ne sait jamais où la vie nous mènera.

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